11 Juin L’innovation : la solution pour l’inclusion économique des jeunes
Selon l’Organisation internationale du travail, à l’heure actuelle, 71 millions de jeunes dans le monde demeurent sans emploi, soit presque deux fois la population du Canada et ce, malgré le fait que de nombreux indicateurs permettent d’affirmer que l’économie mondiale va mieux. Sur le continent africain par exemple, on estime que le taux de croissance économique passera de 2,7 % en 2017 à 3,3 % en 2018. Cependant, cette croissance ne se traduit guère en création d’emplois de qualité pour les jeunes. L’OIT estime qu’en 2018, le nombre de travailleuses et travailleurs vulnérables continuera à augmenter et que des taux d’informalité de près de 80 % persistera.
En parallèle, des phénomènes externes, tels que les effets des changements climatiques ou des transformations technologiques sans précédent, auront un impact majeur sur le marché du travail. Les effets des changements climatiques, tels qu’une augmentation de la fréquence et de la sévérité des événements extrêmes, auront une incidence importante sur les travailleuses et travailleurs pauvres, dont la majorité est des jeunes. On constate déjà une surreprésentation des jeunes dans les vagues de migration pour des raisons économiques, ainsi qu’à la suite de sécheresses prolongées, d’inondations ou d’autres phénomènes. Les bouleversements du climat affectent les principales sources d’emploi des jeunes, entre autres l’agriculture à petite échelle, le travail saisonnier et les petites et moyennes entreprises.
En plus de la dégradation de l’environnement, le développement des technologies employées en milieu de travail connaît un progrès inégalé. Selon des études récentes, l’avènement de l’intelligence artificielle et des avancées en robotique résulteront en une automatisation d’environ 50% des activités professionnelles au plus tard d’ici à 2055. Cela aura sans doute des impacts profonds sur les jeunes travailleurs et travailleuses, entre autres compte tenu des inégalités dans l’accès à l’éducation, des différences importantes entre les compétences acquises dans l’éducation formelle et les compétences demandées par un marché de travail changeant. Cependant, nous avons peu d’information sur la portée et la profondeur de ces impacts. L’intelligence artificielle en est à ses débuts dans les pays développés et les marchés émergents, et on assiste encore à des fossés importants quant à la connectivité et aux technologies, spécialement pour les jeunes femmes qui tardent à intégrer les professions liées aux sciences et technologies.
Mais que faire? Nous savons que d’ici 2030, plus de 25 millions de jeunes âgées et âgés entre 15 et 29 ans, dont la majorité en Afrique, chercheront un emploi. Dans les conditions économiques et environnementales actuelles, il est difficile d’imaginer que tous ces jeunes pourront avoir accès à un emploi décent qui leur permettra de subvenir aux besoins de leur famille. Le grand degré d’incertitude posé par les transformations du marché appelle le secteur du développement international à réinventer les façons dont on appuie les jeunes dans la construction des moyens de vie durable. Nous savons que la création de petites et moyennes entreprises par les jeunes constitue une solution clé non seulement pour que les jeunes créent leur propre emploi, mais également pour promouvoir le développement économique local.
Une autre solution prometteuse est le développement des initiatives où l’on devient des catalyseurs pour le développement de compétences en innovation, et où l’on fait la promotion de la créativité et de la résilience chez les jeunes. À titre d’exemple, Jeunesse Canada Monde et Youth Challenge International, ont mis en place une initiative vouée à favoriser des espaces d’innovation, EQWIP HUBs. Cette initiative a créé des centres de connaissances où les jeunes de 18 centres urbains peuvent notamment échanger des savoirs, recevoir des formations et du mentorat, et avoir accès à des ressources technologiques. Après trois ans de mise en œuvre et après avoir formé près de 1 600 jeunes en entrepreneuriat, et plus de 2 200 jeunes en employabilité, le projet EQWIP HUBs a permis de tirer quelques leçons importantes :
- L’importance de créer des espaces où les jeunes, particulièrement les jeunes femmes, peuvent exprimer leur créativité et échanger des connaissances entre pairs, notamment avec des volontaires issues et issus du Canada et des pays où EQWIP HUBs est présent
- L’importance de contribuer au renforcement des capacités des partenaires qui travaillent auprès des jeunes et qui offrent de l’éducation non formelle, indispensable pour compléter la formation académique et professionnelle.
- Le développement d’un environnement favorable pour que les jeunes qui ont des idées créatives puissent profiter des ressources locales pour transformer leurs idées en plan d’affaires, ou encore pour trouver un bon emploi.
À moyen terme, les programmes de formation que de nombreux acteurs en développement international offrent seront pertinents seulement si les jeunes développent une plus grande capacité à tirer parti des conditions qu’imposeront les changements climatiques et l’évolution technologique. Le succès de ces programmes dépendra aussi de leur capacité à promouvoir l’innovation transsectorielle, c’est-à-dire le travail collaboratif entre les autorités locales, les entreprises et les organisations qui travaillent auprès des jeunes.
Lorsqu’on a demandé à des jeunes formés par EQWIP HUBs quels ont été les facteurs déterminants pour partir leur entreprise, elles ont mentionné l’importance des échanges de connaissances. Selon José, jeune entrepreneur formé en Bolivie, le fait de bénéficier d’un espace pour échanger avec ses pairs l’aura aidé à développer son plein potentiel comme entrepreneur. Comme plusieurs, ses échanges avec des volontaires canadien(ne)s ont contribué de façon importante à bâtir sa confiance en soi, ainsi que d’autres compétences essentielles au développement de sa capacité à innover. Nous croyons ainsi qu’il est essentiel de promouvoir la créativité et l’innovation dans les programmes de développement. Imaginons les possibilités que 1,8 milliard de jeunes dans le monde pourraient réaliser si on leur donnait les moyens de repenser le monde d’aujourd’hui.
Cet article a également été publié dans le Huffington Post Québec.
Le volontariat à l’étranger est une expérience vraiment unique et transformatrice. C’est pourquoi les CARREFOURs EQWIP – EQWIP HUBs offrent aux Canadiens d’extraordinaires occasions de volontariat en Bolivie, au Ghana, en Indonésie, au Pérou, au Sénégal et en Tanzanie. De concert avec un réseau mondial, vous collaborerez avec les jeunes de la région à la recherche de nouvelles compétences professionnelles et vous en acquerrez quelques-unes en cours de route. En offrant des départs tout au long de l’année (janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre), nous pouvons trouver le bon poste pour vous en fonction de vos compétences et de votre disponibilité.
Nadia Ponce Morales a plus de 12 ans d’expérience dans le secteur du développement international. Membre initiale de l’équipe de conception du projet des CARREFOURs EQWIP - EQWIP HUBs, elle dirige actuellement le développement de nouveaux partenariats et initiatives qui attireront de jeunes talents dans l’un des 18 CARREFOURs internationaux d’EQWIP HUBs.
Ayant déjà travaillé pour des leaders mondiaux du développement durable, tels Jeunesse Canada Monde et SUCO, Nadia a mis à profit avec succès ses connaissances et son expertise dans la création d’initiatives et de projets profitant aux jeunes et aux femmes dans plus de 15 pays. Nadia est titulaire d’une maîtrise en relations internationales et d’un diplôme d’études supérieures en gestion et développement durable.
Les CARREFOURs EQWIP – EQWIP HUBs propulsé par Jeunesse Canada Monde et Youth Challenge International sont financés en partie par le gouvernement du Canada par l’intermédiaire d’Affaires mondiales Canada.