10 Avr 5 leçons de vies apprises comme volontaire à l’international
Par Cheikh Ahmed Dicko, agent de soutien opérationnel pour le CARREFOUR EQWIP de Kumasi, Ghana
J’ai décidé d’être volontaire au Ghana en 2017 dans le cadre des projets Jeunesse Canada Monde et Youth Challenge International de CARREFOURs EQWIP – EQWIP HUBs. C’est l’aspect entrepreneurial du projet qui m’a finalement amené à poser ma candidature pour vivre cette expérience. Étant originaire de la Côte d’Ivoire, l’Afrique est toute particulière pour moi, et je savais que je contribuerais au potentiel d’un continent qui me tient à cœur. Grâce à mon travail dans le domaine commercial, j’avais l’impression que je pourrais mettre mon expérience à profit pour aider les jeunes femmes et les jeunes hommes à démarrer leur entreprise et également que je pourrais tirer des apprentissages des possibilités et des défis liés à la gestion d’une entreprise au Ghana.
Le Ghana est un pays dynamique, doté d’une culture diversifiée et d’un peuple amical. C’est également l’une des économies connaissant la croissance la plus rapide en Afrique[1]. Au cours de ma première semaine, j’ai eu une séance d’orientation sur place avec le personnel local pour en apprendre davantage sur l’histoire et la culture ghanéennes. Nous avons visité le Kwame Nkrumah Memorial Park pour connaître un peu mieux l’histoire politique du Ghana. Ce fut une expérience incroyable dont je me souviendrai le reste de ma vie.
J’ai appris d’incroyables leçons pendant ma première année comme volontaire avec les CARREFOURs EQWIP. Voici cinq des plus enrichissantes :
Leçons de vie #1: Embrassez le changement
Voyager dans un nouvel endroit et surtout accomplir des activités de volontariat dans un nouveau pays est une expérience excitante et anxiogène. Comme tout est si différent, il est tentant de s’entourer de choses familières. Cependant, cela entraîne la possibilité de manquer ce que la communauté et la culture ont à offrir. À Kumasi, j’ai dû apprendre les différentes normes sociales et culturelles, ainsi que la langue locale. Bien que de nombreuses personnes du CARREFOUR et du Ghana parlent l’anglais, le dialecte le plus couramment parlé à Kumasi est le twi, et les Ghanéens aiment lorsqu’un étranger essaie d’en apprendre ne serait-ce que quelques mots. Cela vous facilite également la vie lorsque vous allez au marché ou utilisez les transports en commun.
La nourriture était une expérience en soi. Elle est relativement peu coûteuse dans la rue, 10 à 15 cedis ou moins de 5 $ pour le dîner. Les plats les plus populaires sont le foufou, le kenkey et le riz wolof. Mon préféré était le banku et tilapia, un mélange de pâte de manioc, servi avec une soupe, un ragoût ou une sauce au poivre et du poisson.
De plus, au Ghana, il est très important de respecter la hiérarchie dans les environnements de bureau et de prendre le temps de nouer des relations. Par exemple, le fait de ne pas utiliser son titre professionnel (docteur, directeur, chef…) lorsqu’on s’adresse à une personne peut être vu comme irrespectueux. Ayant débuté ma carrière au Canada en tant que représentant commercial pendant trois ans, j’ai été habitué à des relations d’affaires moins officielles avec mes superviseurs et il m’a été un peu difficile de m’adapter à cette nouvelle réalité. De plus, le fait de s’adresser à ses aînés en utilisant un titre comme aîné, oncle, tante, patron ou chef est perçu comme un signe de respect et pas nécessairement comme un terme affectueux réservé à la famille et aux amis.
Au cours de mon année à Kumasi, j’ai gardé l’esprit ouvert et discuté avec mes collègues ghanéens sur les moyens d’en apprendre davantage sur leur culture et pour m’adapter. Cela m’a permis de vivre une expérience enrichissante à tous les points de vue.
Leçons de vie #2. L’importance de la compréhension
Le fait de me lancer dans le projet avec un esprit ouvert a créé de nombreux échanges significatifs puisque l’innovation provient des deux parties. Mes interactions quotidiennes avec les jeunes du CARREFOUR ou de la communauté m’ont beaucoup appris sur leurs visions et leurs aspirations pour l’avenir. Les jeunes sont ambitieux et recherchent activement le soutien et les ressources dont ils ont besoin pour réaliser leurs rêves. Ils se sentent freinés par les approches paternalistes traditionnelles du développement. Mon expérience de volontariat au Ghana en tant qu’agent de soutien opérationnel a été un excellent moyen d’en apprendre davantage sur les obstacles auxquels font face les jeunes de la région lors du lancement de leur entreprise. L’entrepreneuriat est d’autant plus important puisque l’accès à un emploi décent est très limité et que la plupart des jeunes doivent compter sur leur propre épargne, avec peu ou pas de soutien des institutions financières.
Le fait de passer du temps avec les jeunes de la région tout au long de ce processus m’a permis de mieux comprendre leurs besoins et la meilleure façon de les accompagner dans leur parcours entrepreneurial.
Leçons de vie #3: Nous n’avons jamais fini d’apprendre
Le volontariat avec CARREFOURs EQWIP a été pour moi un excellent moyen d’apprendre et d’améliorer mes compétences en affaires. Je possède un diplôme en sciences commerciales de l’Université d’Ottawa, mais le projet du CARREFOURs EQWIP m’a prouvé que l’éducation va bien au-delà de la salle de classe. En tant que volontaire, j’ai eu l’occasion d’aider à organiser le concours du Fonds d’innovation pour les jeunes. Le Fonds d’innovation pour les jeunes est l’initiative de financement des entreprises en démarrage du CARREFOURs EQWIP qui aide les jeunes entrepreneurs à lancer leur entreprise. Cette expérience m’a permis de parfaire mes compétences en gestion de projet, car j’ai eu à participer à la coordination d’ateliers, au recrutement d’animateurs et à la recherche de mentors pertinents pour les jeunes.
Leçons de vie #4: Le réel changement est possible
L’un des objectifs du CARREFOURs EQWIP est d’améliorer le parcours des jeunes et de créer de la valeur et des possibilités pour eux. Leur formation professionnelle fondamentale aide les jeunes femmes et les jeunes hommes à développer des compétences générales, telles que la collaboration, la communication, et à développer un esprit axé sur la résolution de problèmes afin de les préparer au marché du travail. Ils participent ensuite à une formation en entrepreneuriat qui les prépare à transformer leur concept d’entreprise en un produit ou un service viable. L’idée derrière le Fonds d’innovation pour les jeunes est de donner aux jeunes femmes et aux jeunes hommes de la région les moyens de rechercher des occasions d’affaires. Les jeunes participants au CARREFOURs EQWIP sont encouragés à appliquer concrètement les leçons apprises lors de la formation en entrepreneuriat pour lancer leur nouvelle entreprise. J’étais très enthousiaste à l’idée de les soutenir dans ce processus et j’ai pu constater le changement positif qui s’opérait en eux à mesure qu’ils voyaient leurs idées se concrétiser.
Par exemple, à Kumasi, une jeune femme est venue me voir et m’a dit qu’elle était bonne en cuisine et pour préparer des repas pour les événements familiaux et entre amis, mais qu’elle n’avait pas confiance en sa capacité de transformer cette compétence en une entreprise rentable. Après notre conversation, nous nous sommes assis et avons recherché des traiteurs prospères à Kumasi. Nous avons rendu visite à certains d’entre eux pour connaître leurs points faibles et les éléments qui ont contribué à leur succès afin de s’en inspirer pour renforcer son plan d’affaires. Après cette analyse de la concurrence, elle a procédé à une évaluation de ses propres forces et faiblesses. Elle avait le talent pour cuisiner et pour organiser les repas pour des événements, mais elle dépensait la majeure partie de ses revenus dans la location de matériel de restauration. Grâce à une demande au Fonds d’innovation pour les jeunes, elle a obtenu des capitaux d’amorçage d’une valeur de 1000 $ pour acheter son propre matériel de restauration. Cela lui a permis d’utiliser le montant qu’elle dépensait pour l’équipement pour développer du matériel de marketing et dénicher de nouveaux clients. Aujourd’hui, elle gagne sa vie grâce à son commerce, Cherizel’s Kitchen, et engage ses amis à temps partiel pour l’aider lors d’événements faisant appel à ses services de traiteur.
Leçons de vie #5: La vie commence à l’extérieur de votre zone de confort
Pour moi, l’aspect le plus important du volontariat à l’étranger a été de voir la personne que je suis devenue grâce à cette expérience. En tant que diplômé en sciences commerciales, mon expérience de volontariat à l’étranger m’a permis d’acquérir des compétences en gestion internationale pour travailler dans un environnement diversifié et multiculturel. Aujourd’hui, j’ai beaucoup plus confiance en ma capacité à démarrer une entreprise et à la faire évoluer ici au Canada et également en Afrique de l’Ouest. Je sais que je peux également utiliser les compétences que j’ai acquises à l’étranger pour décrocher un emploi dans une entreprise exerçant ses activités en Afrique ou à l’étranger. Avant cette expérience, à l’instar des jeunes participants avec lesquels j’ai travaillé, je n’aurais pas eu le sentiment d’avoir la capacité de saisir ces opportunités ni l’expérience nécessaire.
Dans l’ensemble, même si le changement peut sembler minime – une jeune femme ou un jeune homme à la fois – nous contribuons à changer l’esprit de Kumasi et de Tamale auprès des jeunes qui y vivent. Nous aidons les jeunes femmes et les jeunes hommes à prendre en main leur avenir pour qu’à leur tour ils insufflent une nouvelle vitalité à leurs communautés. L’héritage du CARREFOURs EQWIP à la fin du projet consistera en la mobilisation de jeunes dotés d’une capacité de résilience et des compétences pour saisir toutes les occasions et transformer les défis en projets rentables, chez eux et à l’étranger.
Je vous invite à faire partie de cet héritage. Engagez-vous comme volontaire auprès du CARREFOURs EQWIP et aidez les jeunes entrepreneurs à concrétiser leurs projets d’affaires. Changez une vie. Changez votre vie.
Le CARREFOURs EQWIP est appuyé par Jeunesse Canada Monde et Youth Challenge International, et est financé en partie par le gouvernement du Canada par l’intermédiaire d’Affaires mondiales Canada. En savoir plus sur le projet ici.